La bile noire

En de pareils moments la bile noire m'envahit.
Ce n'est pas la tempête d'ichore qui vient troubler le calme cristalin
D'une mer sans vague,
Ni l'ombre noire qui étend ses sombres ailes
Pour cacher de ses mânes la lumière diamantine des étoiles,
Non plus le feu de la fureur
Embrassant de sa flamme la futaie,
C'est une brume, une infâme vapeur se répandant sur le torrent de mes pensées,
Dans laquelle Charron lui même est bien perdu,
Ses yeux pourtant perspicaces bien incapables de distinguer les écueils.
Ces miasmes issus des profondeurs de l'âme, malfaisants et venimeux,
Déposent un voile gris sur l'orbe des années, jours, secondes.
Dans cet océan vaseux l'on ne peut que tenter de maintenir sa tête au-dessus de la surface,
Attendre qu'un courant nous emporte au loin,
Rassemblant le peu de volonté, les quelques lambeaux d'espoir,
Pour continuer à surnager,
Avec dans l'esprit la pensée que ce courant nous emmènera peut-être
En des parages où règnent d'autres vertus,
Sous le regard doux de quelque déesse...